Le retour à l'orphelinat se passait bien, tout en étant mal. D'un côté, je me sentais bien d'être revenu à l'endroit où j'avais passé toute mon enfance, où j'avais connu mes amis, et où j'avais appris à me reconstruire une nouvelle famille. Tout le monde m'avait accueilli à bras ouverts, et j'en étais heureux. Je me sentais à nouveau chez moi, comme un poisson dans l'eau. Mais d'un autre côté, je n'avais pas revu les personnes qui avaient été les plus importantes pour moi dans cet orphelinat. Il n'y avait que ma soeur, que j'avais retrouvé avec plaisir. Mais je n'avais jamais vraiment perdu contact. Aujourd'hui, j'appréhendais mes retrouvailles avec quelques personnes, comme Starsky, qui avait été comme une seconde soeur, ma meilleure amie, celle qui avait compté plus que tout. En partant d'ici, elle m'avait affirmé que j'étais mort à ses yeux, et je me rappelle très bien de la sensation de mal-être qui m'avait envahie. Comment réagira-t-elle quand elle me reverra ? J'avais peur que cela tourne mal. Et il y avait une autre personne que je redoutais. Payson. Je me rappelle encore du temps où nous formions le "couple" de l'orphelinat. Les deux aînés, ceux qui étaient respectés par tout le monde. J'étais fou amoureux d'elle. Mais plutôt que de lui avouait, je faisais tout pour qu'elle me déteste. Cela fait maintenant trois ans que je n'ai pas vu son visage angélique, et je pense l'avoir oublié. Je suis fiancé, je vais bientôt me marier à la femme que j'aime, et je suis donc passé à autre chose. Et pourtant, je redoute ma réaction face à elle. Comment vais-je réagir ? Les sentiments vont-ils resurgir, serais-je mal à l'aise, ou bien la verrais-je comme une potentielle nouvelle amie ? Notre jeu de haine reprendra-t-il ? Tant de questions, et aucune réponse pour m'aider...

Allongé dans l'herbe, je soupirais. Cela ne faisait que quelques heures que j'étais arrivé à l'orphelinat, et j'étais déjà en train de me prendre la tête pour des broutilles. Je devrais plutôt profiter de ce que je suis en train de vivre, profiter des personnes qui m'aiment et que j'aime, et ne pas me poser de questions sur le futur. Ce qui devra arriver arrivera, après tout... Je me relevais et posa mon dos contre le tronc d'un arbre. Je m'emparais du livre qui était posé à mes côtés, et commença à le lire à partir du moment où je m'étais arrêté. J'aimais lire, même si je ne faisais pas que ça de mes journées. Je pouvais passer plusieurs jours sans lire, mais cela me relaxait, voilà pourquoi je m'abandonnais à la lecture de temps en temps. La musique jouant dans mes oreilles, je me pris à sourire dans ma lecture. Oui, je pouvais lire tout en écoutant de la musique, d'ailleurs ça m'aidait. Une musique d'ambiance, comme j'aimais l'appeler.

Au bout de quelques minutes, j'entendis des rires provenant de devant. Je relevais la tête vers le bâtiment de l'orphelinat, et vis un groupe de filles s'approcher dans le parc. Les voir sourire me fit plaisir. J'étais un peu comme le grand frère de tout le monde ici, étant arrivé assez tôt, et voir les autres aller mal ne me plaisait guère. Mais mon sourire s'effaça lorsque j'arriva à identifier une des personnes du groupe. Payson. Ses cheveux blonds volant à cause du vent, et un sourire dévoilant ses dents blanches. Les battements de mon coeur s'accélérèrent, sans que je comprenne pourquoi. Ca devait sûrement être le fait que je ne m'attendais pas à la voir de sitôt, et également que j'appréhendais nos retrouvailles. J'étais sûr qu'une fois notre première rencontre passée, je ne ressentirais plus rien pour elle. Du moins, pas dans ce sens... Je la fixais sans vraiment m'en rendre compte. C'est lorsque son regard se figea sur moi que je réalisa ce que je faisais, ce qui me fit détourner le regard.